Voici mes inventions...
Parce que j'aime les accrostiches, je vous présente:
Racisme oublie-toi
Rester plongé sans fin dans ce profond sommeil,
Assouvi par le noir de nos paupîères closes
Comme scellées à vie; mais des bourgeons de roses
Insensible pourtant au rayons du soleil.
Semer de grands mensonges, en tout rester sourd,
Malfrats chez les malfrats, vautours chez les vautours,
Emerger de la nuit pour corrompre le jour...
Ouvre les yeux: les couleurs sont si belles!
Uniques, musicales, aux saveurs d'arc-en-ciel,
Bondissantes, enivrantes, féériques, éternelles,
Loin, infiniment loin des belliqueuses haines
Imprégnant de charbon toutes ces âmes humaines,
Et déversant leur poison brûlant dans leurs veines.
Ton être désireux ne cherche que l'ailleurs
Offre-lui le divers, montre-lui ses saveurs...
Imprègne-le simplement de bonheur.
Toujours sur le racisme:
Empereur du Néant
La nuit est cet aveugle pailleté d'argent
Emprisonnant nos sens, effaçant la douleur,
Faisant aux mêmes sons battre nos humbles coeurs,
Et ce torrent de rêves, nous berçant tendrement.
Et sous ce voile noir, les différences meurent,
Parce que ton sourire, synonyme du mien,
Eclairera mes jours pareillement aux tiens,
Que notre lune est une et qu'une est notre peur,
Que dans nos mains tendues coule le même sang,
Que ce sang n'est souillé que par cet étranger:
Racisme incandescent dans mon âme écoeuré,
Quand donc cessera-t-il ses discours de serpent?
Mais j'avoue, je me plais à porter la couronne,
A te voir à genoux, des larmes dans les mains,
Mes mots te percront bien avant que ne sonne
L'heure où je règnerai sur le monde, serein.
Je limerai mes ongles en te regardant fuir,
Ferai jouer mon rire en te voyant pâlir,
Crépiter sous le feu de mon désir ardent,
Trembloter, puis crever, dans le froid du néant.
Et le petit dernier sur l'adieu à l'enfance:
Une Cerise entre les Dents
Je vois le monde et fais un voeu:
Avoir les pieds dans la verdure.
Mes courtes pattes? Une torture!
Je ne peux marcher! Mais mes yeux
Me font partir dans l'irréel,
Pays du soleil et du miel.
Adieu, Mesdames et Messieurs!
Et ma peluche, au bas du lit,
Je pars mais je l'aime, dis-lui.
Je m'en vais jusqu'au bout du temps,
Une cerise entre les dents.
Je sais pas où,
Quand, ni pourquoi,
Mais je sais que j'y vais, c'est tout.
J'irai courir après la joie,
Voir ce que c'est que d'être grand,
Une cerise entre les dents.
Et les paillettes, dans l'aurore,
Déploient leus belles ailes d'or,
Me guident tout au bout du monde,
Où mes yeux curieux vagabondent,
Et les cristaux de mon esprit
Veulent partir vers l'infini.
C'est un pays où il fait beau,
Où les remparts sont d'innocence,
Leur transparence est un miel chaud,
Qui vient m'ensoleiller la peau.
Son lac est d'or et mon enfance
Vient s'y mirer de temps en temps.
Et, paillettes au gré du vent,
Les enfants du Mieux et du Pire,
Viennent chanter l'hymne du Rire,
Et le palais de mirabelles
Scintille en mon âme éternelle.
Sa porte est lumière et la pluie
Est douce et dissipe l'ennui.
L'herbe est d'espoir,
Les fleurs d'amour,
Et mes yeux clos sont un miroir
Qui ouvre sur la haute tour,
D'où s'envolent les hirondelles.
Je veux croquer la vie si belle,
Voir ce que c'est que d'être grand,
Une cerise, évidemment,
Une cerise entre les dents.
Et ce dernier, je l'ai aussi mis dans le topic "Le bac". Comme je l'ai dit là-bas, j'ai écrit ce poème suite à une étude sur un certain poème d'un certain poète, que je vous laissera deviner.
Le Bac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux ratages,
Dans l'étude éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des pages,
Lever l'encre un seul jour?
Ô, bac! L'année déjà a fini sa carrière
Et près des flots haïs qu'on ne devait revoir,
Regarde! Je reviens m'assoir sur cette pierre
Où je fis mes devoirs!
Tu méditais ainsi entre ces murs de brique,
Ainsi, tu les guettais, nos esprits déprimés,
Ainsi, tu te plaisais à semer la panique
Dans la cours des lycées.
Un soir, t'en souvient-il? Tu voguais en silence
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les ponts
Que le bruit des stylos qui grattaient en cadence
Lors des révisions.
Tout à coup des accents très connus de la terre
Dans les couloirs déserts frappèrent les échos.
On écouta l'étudiant qui désespère,
Laissant tomber ces mots:
"Ô, Temps! Hâte ton vol! Et vous, heur's de supplice
Supprimez votre cours!
Laissez-nous savourer les si rares délices
Des moins laids de nos jours!
Assez de studieux ici-bas vous implorent
Trainez, trainez pour eux;
Laissez-leur quelques jours pour réviser encore
Oubliez les anxieux.
Mais je demande en vain quelques bonheurs encore
Le bac approche, j'écris
Je dis à cette nuit "passe vite " ; et l'aurore
Tarde à chasser la nuit.
Révisons! Révisons! À une heure tardive
Étudions! Travaillons! Pour l'élève, un seul sort: il faudra qu'il se prive
De rire et de chansons. "
Temps jaloux se peut-il que ces moments d'ivresse
Où la plume à longs flots nous verse le malheur
S'accrochent à nos pieds sans la moindre faiblesse,
Avec autant d'ardeur!
Hé quoi! serons-nous libérés de cet énorme poids?
Quoi! Fixés pour jamais! Des instants suspendus?
Ces instants de douleur, de fatigue, ces durs mois,
Ne s'arrêteront plus?
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Engloutissez ces jours de travail acharné,
Agissez, rendez-nous ces extases sublimes
Que l'on nous a volées.
Ô, bac! cahiers muets! Gommes! Pochette obscure!
Vous que le temps épargne ou qu'il peut faire viellir
Gardez de cette nuit, gardez-en, fournitures
Un amer souvenir!
Que l'on ait du repos, que l'on soit vieux et sages,
Ô bac, ou disparaît de notre vie d'ados.
Que sur tous les chemins, et dans tous les villages,
Nul ne voit plus ton dos!
Qu'on cesse de souffrir, qu'on frémisse, se prélasse
Que les cris du crayon, de la craie bleue qui crisse
Des futurs bacheliers, dans les salles de classe,
Soient un bruit de jadis.
L'étudiant qui gémit, l'écolier qui soupire,
Ou celui qui pleurait, ployant sous les papiers,
Tous veulent que le bac ne soit qu'un souvenir,
Tous disent qu'ils ont peiné.
Pour celui-ci, je vous mets l'original:
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?
Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :
"Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
"Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.
"Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore
Va dissiper la nuit.
"Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons !"
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !
Voilà